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Mgr Rey et la virilité : l’Admiration

Merci à Mgr Rey qui nous a délivré cet enseignement lors de la journée annuelle des hommes adorateurs au Cannet-des-Maures (83) le 1 mai 2014  et nous a permis de le diffuser. L’année prochaine, soyez des nôtres le 1 mai 2015 ! Laissons lui la parole :

Qu’est ce qui fait, à la fois ce mélange de force qui lui permet d’être un homme d’action qui prend des décisions difficiles, entraîne la Sainte Famille sur des chemins qui vont la conduire en Egypte puis en revenir, et d’autre part d’être toujours en retrait, dans l’humilité, dans la réserve ? Joseph n’a prononcé aucune parole dans l’Ecriture. Les seuls mots qui lui sont attribués, qui ne sont pas explicitement dits mais seulement suggérés par le texte : c’est lui qui a nommé son fils Jésus. De ses lèvres ne sont sorties aucune autre parole. J’aime rependre le proverbe touareg : « Quand le mot que tu va prononcer est moins important que le silence que tu va quitter, alors tais-toi ». Le silence de Joseph n’est pas le mutisme. Il est une surabondance de présence qui nous exonère de toute autre parole qui serait de trop. Toute parole serait débile face à La Parole, celle du Verbe fait chair.

La virilité de Joseph est donc faite de ce subtil mélange entre la force d’un homme d’action, entreprenant, et quelque chose qui est de l’ordre de la douceur et de la délicatesse du cœur.

Je retiens quatre A pour caractériser cette virilité de Joseph. Ces 4 aspects n’ont pas la prétention de tout récapituler qui est Joseph, tant le mystère de sa personne nous échappe, mais ils ouvrent des pistes de méditation et de conversion.

admiration

Admiration

D’abord, cette virilité est source du premier A, source d’Admiration. C’est tellement important dans l’éducation qu’un enfant admire son père. Cette admiration est nécessaire à l’identification, autour d’une figure emblématique qui nous invite à le suivre, à marcher sur ses traces, à pouvoir, en quelque sorte, lui ressembler. Et cette admiration, Jésus devait l’avoir en considérant bien-sûr que Joseph était un homme marqué par la faute originelle. L’admiration n’est pas simplement liée à une apparence extérieure, mais à la noblesse d’âme. La beauté d’un être, c’est sa beauté intérieure. Joseph, comme tout père, est sujet d’admiration, dans la mesure où il est investi d’une grandeur intérieure. Concernant cette grandeur intérieure, j’utilise fréquemment la règle des 7 C. Pour être sujet d’admiration, il faut pouvoir honorer 7 C :

  1. La Charité. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra » (Jean 13, 35) Tout chrétien digne de ce nom est habité par la Charité, comme vertu théologale.
  2. La Conviction. Ce C est corrélatif du premier C. Il s’agit d’être structuré par des convictions. La foi donne une structure de vie, du caractère, une architecture à l’existence.
  3. La Cohérence. Le comportement du chrétien est appelé à être en adéquation avec ce qu’il confesse. On prêche plus par notre manière d’agir, que par nos convictions affichées.
  4. La Communion. Le chrétien doit être un homme de communion. Elle se réalisait, chez Saint Joseph, par l’amour qu’il avait pour sa femme Marie au point que, saisi d’un amour très profond pour elle, voyant que Dieu avait des projets sur Marie, il a voulu, par amour pour Marie, se retirer afin de donner pleine place à Dieu dans la vie de Marie. Mais le Seigneur lui a fait comprendre que son amour humain ne faisait pas obstacle au projet de Dieu, mais que Dieu voulait se servir de cet amour de communion. Jésus s’est nourri de cette communion familiale entre Marie et Joseph.
  5. La Connaissance. Saint Joseph était un homme « Juste », et nous savons qu’un homme « Juste » dans la tradition biblique était quelqu’un qui fréquentait assidûment le Temple, qui rentrait dans la justice de Dieu (au sens de justesse de Dieu). Il accomplissait parfaitement la Loi. Il initiait, comme tout bon juif, son enfant Jésus à l’enseignement de la Torah, donc à la connaissance de l’Ecriture.
  6. Le Charisme. On porte du fruit et on est utile à partir de son charisme. C’est particulièrement vrai pour ceux d’entre vous qui avez des hommes sous votre responsabilité. Jésus n’a pas fixé un programme : il a choisi des hommes. Chaque homme est doté d’un talent particulier, complémentaire de celui des autres. L’Eglise est riche de cette diversité de talents. Ce n’est pas la pointure de la chaussure qui détermine la taille du pied : il faut toujours partir du talent, du charisme, de la capacité de la personne avant de former une bonne équipe. Donc Joseph a un charisme particulier, il a reconnu son don, il a vu sa compétence. Il a découvert que sa vocation était de devenir père nourricier de Jésus
  7. La communication. Le rôle des parents est de transmettre la vie, mais aussi un patrimoine culturel et spirituel. C’est ce qu’a admirablement fait St Joseph vis-à-vis de son fils adoptif Jésus. Il y a un art de communiquer, qui n’est pas sans rapport avec le contenu de ce que l’on veut transmettre. « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface » (Victor Hugo)

Le mot admiration peut-être pourtant ambiguë car le chrétien n’est pas celui qui brille sous les feux de la rampe, aux avant-postes de la scène. Il est celui qui se trouve en retrait et qui désigne la source de la lumière, au delà de lui-même. Il ne retient pas la lumière de manière un peu idolâtrique et narcissique pour dire « je suis le plus beau, je suis le plus grand », mais il est celui dont la beauté renvoie à la source même de toute beauté qu’est le Christ, à sa lumière éternelle.

Mgr Dominique Rey – évêque de Fréjus-Toulon

Suite la semaine prochaine : l’Autorité

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