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Que le soldat de Jésus-Christ évite ce qui peut troubler la paix de son cœur.

Voici a nouveau un extrait de l’ouvrage préféré de Saint François de Sales, « le combat spirituel », de Lorenzo Scupoli, chapitre XXV :

Que le soldat de Jésus-Christ, qui a résolu de combattre et de vaincre ses ennemis, doit éviter, autant qu’il lui est possible, ce qui peut troubler la paix de son cœur.

Lorsque nous avons perdu la paix du cœur, nous devons mettre tout en œuvre pour la recouvrer, mais quoi qu’il arrive en ce monde, rien n’est capable de nous la ravir, ni de la troubler malgré nous. Il faut, à la vérité, que nous conservions de la douleur de nos fautes, mais cette douleur doit être tranquille, modérée, comme je l’ai dit plusieurs fois. Il faut de même que nous ayons compassion des autres pécheurs ; et que du moins intérieurement nous gémissions de leur perte ; il faut aussi que notre compassion soit tendre, mais sans chagrin et sans trouble, comme étant l’effet d’une charité très pure.

photo-priere_500-45cd9Pour ce qui regarde une infinité de maux auxquels nous sommes sujets en ce monde, tels que sont les maladies, les plaies, la mort, la perte de nos amis et de nos proches, la peste, la guerre, les embrasements, et plusieurs autres accidents fâcheux, que les hommes appréhendent comme contraires à la nature, toujours ennemie des souffrances ; nous pouvons, avec le secours de la grâce non seulement les accepter de la main de Dieu, mais nous en faire sujets de joie, en les regardant ou comme des punitions salutaires pour les pécheurs, ou comme des occasions de mérite pour les Justes. Ces deux considérations sont que Dieu même prend plaisir à nous affliger ; mais il est certain que tant que notre volonté sera soumise à la sienne, nous demeurerons avec un esprit tranquille au milieu des afflictions les plus rudes. Sachez au reste, que toute inquiétude lui déplaît, parce que, de quelque nature qu’elle soit, elle n’est jamais sans quelque défaut, et vient toujours d’un mauvais principe, qui est l’amour-propre. Tâchez donc de prévenir de loin ce qui peut vous inquiéter, et préparez-vous de bonne heure à le supporter avec patience. Considérez que les maux présents, quelque terribles qu’ils paraissent, ne sont pas effectivement des maux ; qu’ils ne sauraient nous priver des biens véritables, que Dieu les envoie, ou les permet pour les raisons que nous avons dites, ou pour d’autres qui ne peuvent être que très justes.

En conservant de la sorte un esprit toujours égal parmi les divers accidents de cette vie, vous profiterez beaucoup : sans cela vos exercices réussiront mal, et vous n’en tirerez aucun fruit. De plus, tant que vous aurez l’esprit inquiet, vous demeurerez exposé aux insultes de l’ennemi, sans pouvoir connaître quelle est la voie sûre et le droit chemin de la vertu. Le démon fait tous ses efforts pour bannir la paix du cœur, parce qu’il fait que Dieu demeure dans la paix, et que c’est dans la paix qu’il opère de grandes choses. De là vient qu’il n’est point de ruse dont il ne se serve pour nous la ravir ; et qu’afin de nous surprendre, il se contrefait, il nous inspire des desseins qui paraissent bons, mais qui sont méchants en effet, et qu’on reconnaît à plusieurs marques, surtout en ce qu’ils troublent la paix intérieure. Pour remédier à un mal si dangereux, lorsque l’ennemi s’efforce d’exciter en nous quelque mouvement, ou quelque désir nouveau, ne lui ouvrons pas d’abord notre cœur, renonçons premièrement à toutes affections qui peuvent naître de l’amour-propre : offrons à Dieu ce nouveau désir ; prions-le instamment de nous faire connaître s’il vient de lui ou du démon, n’oublions pas de consulter là-dessus notre Directeur.

Lors même que nous sommes sûrs qu’un désir qui se forme dans notre cœur, est un mouvement de l’esprit de Dieu, nous ne devons pas nous mettre en devoir de l’exécuter, qu’auparavant nous n’ayons mortifié la trop grande envie que nous avons qu’il soit accompli. Car une bonne œuvre précédée par cette sorte de mortification, est bien plus agréable à Dieu, que si elle se faisait avec une ardeur et un empressement naturel, et souvent la bonne œuvre lui plait beaucoup moins que la seule mortification. Ainsi rejetant les mauvais désirs, et n’exécutant les bons qu’après avoir réprimé tous les mouvements de la nature, nous conserverons notre cœur dans une tranquillité parfaite.

Il est encore besoin pour cela de mépriser de certains remords intérieurs, qui semblent venir de Dieu, parce que ce sont des reproches que notre conscience nous fait sur de véritables défauts ; mais qui viennent effectivement du malin esprit, selon qu’on en peut juger par les suites. Si les remords de conscience servent à nous humilier, s’ils nous rendent plus fervents dans la pratique des bonnes œuvres, s’ils ne diminuent point la confiance qu’il faut avoir en la miséricorde divine, nous devons les recevoir avec action de grâce, comme des faveurs du Ciel. Mais s’ils nous causent du trouble, s’ils nous abattent le courage, s’ils nous rendent paresseux, timides, lents à nous acquitter de nos devoirs, nous devons croire que ce sont des suggestions de l’ennemi, et faire les choses à l’ordinaire sans daigner les écouter.Mais outre cela, comme il arrive le plus souvent que nos inquiétudes naissent des maux de cette vie, pour nous en défendre, nous avons deux choses à faire.

  • L’une est de considérer ce que ces maux sont capables de détruire en nous, si c’est l’amour de la perfection, ou l’amour-propre : s’ils ne détruisent que l’amour-propre, qui est notre capital ennemi, nous ne devons pas nous en plaindre ; nous devons plutôt les accepter avec joie et avec reconnaissance, comme des grâces que Dieu nous fait, comme des secours qu’il nous envoie, mais s’ils peuvent nous détourner de la perfection, et nous rendre la vertu odieuse, il ne faut pas pour cela nous décourager, ni perdre la paix du cœur, comme nous verrons bientôt.
  • L’autre chose est qu’élevant notre esprit à Dieu, nous recevions indifféremment tout ce qui nous vient de sa main, persuadés que les croix mêmes qu’il nous présente, ne peuvent être pour nous que les sources d’une infinité de biens, que nous négligeons, parce qu’ils nous sont inconnus.

 

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