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Le Général et la Vierge Marie

Nous laissons à nouveau la parole au Général Delaunay, « homme-adorateur d’honneur », chef de l’état-major de l’armée de Terre française du 1er octobre 1980 au 9 mars 1983 :

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Le Seigneur a fait pour moi des merveilles. J’ai 91 ans. Marié depuis 62 ans, nous avons eu 4 enfants. Les 3 vivants nous ont donné 11 petits-enfants et bientôt 21 arrières. J’ai passé 40 ans dans l’armée. Puis, j’ai été visiteur de prison, catéchiste, animateur d’association et écrivain.

La dévotion à Marie faisait partie de mon environnement familial. Pour ma grand-mère, veuve à 30 ans et pauvre, le pèlerinage annuel à Lourdes et le chapelet étaient tout son horizon terrestre. Mon père égrenait son rosaire dans sa poche dans le Métro, ce qui lui a valu un jour, pendant l’Occupation, d’être mis en joue par un officier allemands qui croyait qu’il chargeait son revolver pour le tuer… Ma mère était aussi très pieuse. Dans mon collège, le chapelet faisait partie de notre quotidien. Bref, j’ai baigné dans les Ave Maria !

Au début de ma vie, ayant pris un peu de distance avec le Bon Dieu, j’ai surtout invoqué la Vierge dans les moments difficiles. Comme ado pendant l’exode de 1940, au milieu des fuyards mitraillés par les avions. Comme soldat à la Libération, puis comme officier en Indochine, quand ayant perdu ma main droite à 26 ans, je suis reparti au combat. Rentré en France, j’ai rencontré Monique et elle m’a emmené à la messe de 7 H le lendemain de nos fiançailles… Le soir de notre mariage, nous nous sommes mis à genoux et ce « Je vous Salue, Marie », récité  côte à côte, a conditionné toute la suite des évènements.

En 1957, au Maroc, nous sommes rentrés aux équipes Notre Dame. J’y ai été littéralement converti, mon imprégnation religieuse d’enfant devenant une foi d’adulte. Cela m’a permis notamment de réagir (positivement ?) à la mort de notre fille Pascale. La Sainte Vierge a dû intercéder très fort pour nous car Brigitte est arrivée un an après. Et puis, la vie a continué : une vingtaine de déménagements, en Algérie et en France et, partout, les équipes Notre Dame, cadre et aiguillon de notre vie chrétienne… Ayant l’habitude de prier ensemble, nous présentions à Dieu par Marie, nos joies, notamment le mariage des enfants, mes responsabilités grandissantes et nos soucis.

Devenu chef de l’armée de terre en 1980 et entré en conflit avec le gouvernement en 1983, j’ai démissionné. La retraite nous a permis de continuer à servir l’Eglise à travers nos frères sous le regard de Marie. Elle entrait avec moi en prison et parlait avec moi quand nous animions des sessions de formation sur l’oraison ou quand je faisais le catéchisme. Il faut dire que je dis souvent mon chapelet (autrefois en faisant mon footing du matin et maintenant en marchant pesamment.) Aujourd’hui encore, nous le disons chaque jour en auto ou à la maison.

J’ai vu mourir sous mes yeux beaucoup de gens : des soldats et des civils à la guerre, et, depuis, ma fille, mon père et mon beau-père. J’ai perdu mes deux sœurs plus jeunes que moi et j’enterre souvent un ami. Je sais que ce sera bientôt mon tour. J’attends la mort avec confiance et dans la sérénité car je sais qu’ayant dit souvent, comme mes parents, « et à l’heure de notre mort », Marie sera là pour me présenter à son Fils.

Dans la même  perspective, nous venons de lancer dans notre paroisse « La vie devant nous », un mouvement pour les chrétiens de plus de 80 ans. Nous l’avons confié à Marie.

« En tes mains Seigneur, je remets mon esprit ».

Merci, Marie.

Jean Delaunay

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