Messieurs, il n’est pas rare d’entendre certain d’entre-nous reculer devant une adoration mensuelle à cause de notre travail, comme si l’un n’allait pas avec l’autre. Saint Benoît l’a bien compris en associant étroitement les deux : « Ora et Labora ». Il a ainsi écrit dans sa Règle : « La paresse est l’ennemie de l’âme. Aussi, à certains moments, les frères doivent être occupés à travailler de leurs mains. A d’autres moments, ils doivent être occupés à la lecture de la Parole de Dieu« . Pour lui tout cela doit être ordonnée à l’« Œuvre de Dieu » (Opus Dei)
« Celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » dit saint Paul (2 Thes. 3, 9-10). Cette phrase montre combien le travail ne répond pas simplement à la nécessité biologique de se nourrir (dans cas, on peut vivre au crochet des autres) mais à quelque chose de plus grand. Cette phrase de Saint Paul peut également se lire de la sorte : si vous ne voulez pas travailler, vous ne pouvez pas vivre.
C’est donc bien également par le travail que l’homme peut se rapprocher de Celui qui est la vie. notre Seigneur Jésus-Christ. Si nous voyons le travail aujourd’hui comme une aliénation, une punition, c’est bien le fruit de philosophes comme Karl Marx (« Il n ‘y a de liberté que dans le loisir« ) au dépend de l’enseignement de notre Sauveur. Effectivement dans la Genèse Dieu dit à Adam : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3:19), mais la punition n’est pas le travail mais sa pénibilité. Le travail existait avant le Pêché originel, mais était exclusivement une « collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu dans le perfectionnement de la création visible. » (CEC, n°318). Pie XII précise que ce perfectionnement implique celui de la créature qu’est l’homme lui-même dans son message de Noël 1955 : « en travaillant, l’homme perfectionne en lui même l’image de Dieu ».
Ora et Labora… l’un nourrit l’autre, il n’est pas possible de ne pas prier à cause du travail, ni de ne pas travailler à cause de la prière.
Par la prière, Dieu féconde notre travail, lui donne tout son relief, son envergure, il le fait passer de la 2D à la 3D ! Mère Térésa s’en est aperçue lorsque sa communauté est passée d’une heure d’adoration hebdomadaire à une heure quotidienne : « En 1963, nous faisions une heure d’adoration ensemble chaque semaine mais ce fut seulement en 1973, lorsque nous avons commencé à faire notre heure d’adoration quotidienne que notre communauté a commencé à grandir et à prospérer. »
Donc prenons le temps d’adorer de tout notre cœur, afin de pouvoir travailler ensuite en entendant : « « Travaillez, car je suis avec vous » leur dit l’Eternel « (Agg 2 : 4).
Alors, seulement alors, nous pouvons être cette antique classe d’ouvriers joyeux que décrit Charles Peguy, de joyeux constructeurs de cathédrales :
« Nous avons connu des ouvriers qui avaient envie de travailler. Ils allaient et ils chantaient à l’idée qu’ils allaient travailler. Travailler étaient leur joie et la racine profonde de leur être. Il y avait un honneur incroyable du travail, le plus beau de tous les honneurs, le plus chrétien… comment a-t-on fait de ce peuple qui aimait le travail pour l’honneur… ce peuple qui sur un chantier met toute son étude à ne pas en fiche un coup ? » Charles Péguy. l’Argent.
Articles du net sur le travail :
- Le sens chrétien du travail sur Salve Regina
- Le sens chrétien du travail sur le site des Serviteurs de Jésus et de Marie
- Le sens chrétien du travail sur Ictus
- Encyclique sur le travail Laborem Exercem de Jean-Paul II