Faisant écho au week-end Père-Fils des hommes adorateurs de Colmar, il semblait important d’évoquer la notion de patrimoine dans le cadre de la transmission père-fils.
S’il est – légitimement – fréquent d’évoquer la transmission d’un père vers son fils de caractère d’ordre naturel, de valeurs, de spiritualité, on pense moins souvent à évoquer l’importance de la transmission de ce qu’on nous a nous même transmis : le patrimoine familial.
Transmettre le 4ème commandement
Avoir à cœur la transmission du patrimoine est vivre et aider ses enfants à vivre le 4ème commandement : « tu honoreras ton père et ta mère ». Ce commandement est si important que le catéchisme de l’Eglise catholique précise : « Le respect de ce commandement procure avec les fruits spirituels des fruits temporels de paix et de prospérité » (cf. CEC, nos 2197-2200). Loin d’être une considération matérialiste, bien au contraire, c’est remercier les ancêtres pour le dur labeur et souvent les énormes sacrifices qui leur ont permis de garder intact un patrimoine immobilier, des objets patrimoniaux, etc… souvent sans autre désir que de pouvoir transmettre.
De même que le catéchisme de l’Eglise catholique indique que le patriotisme est un devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité (« L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité« . CEC, no 2239), le respect du patrimoine familial, à moindre échelle mais comme une pierre du patrimoine qu’est notre patrie, est une manière très incarnée de vivre ce devoir de reconnaissance et de charité.
Mais il ne faut pas oublier que tout cela serait bien superficiel si le désordre s’installait comme aimer plus le patrimoine que ses proches, que son prochain. C’est là que le patrimoine prend son sens, le matériel devant être au service spirituel. Ainsi le patrimoine doit en permanence être assujetti aux belles relations familiales, être le vecteur des valeurs qui ont pu construire une famille. De même que la citation d’Alexandre Dumas fils « L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître », le patrimoine doit être au service de la famille, de ses valeurs. Sa préservation est ce que le Pape François appelle « la culture d’une identité commune, d’une histoire qui se conserve et se transmet. » (Laudato si, §232)
Faire fructifier ses talents
Mais faire honneur à ses ancêtres, ce n’est pas figer, par peur d’abîmer, comme l’ouvrier qui a eu peur de son maître dans la paraboles des talents (Matthieu 25, 14-30).
En deçà de la magnifique portée spirituelle de cette parabole, elle est aussi d’une grande valeur concernant le sujet que nous évoquons. En effet ce n’est pas la peur qui conduit l’action des deux ouvriers qui ont fait fructifier leurs talents, mais l’obéissance, et la confiance envers le maître qui a donné selon leur capacité (on n’est pas dans l’égalitarisme marxiste porté par notre époque).
Si notre Seigneur nous demande de porter du fruit, car cela fait la gloire de son Père (« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » (Jean 15, 8)), faire fructifier ce nous avons transmis, comme ces bons serviteurs avec les talents, doit toujours être notre perspective. Cette perspective nous empêche d’ailleurs d’être aliénés au patrimoine, puisque nous devons le rendre mobile, l’articuler avec nos proches, avec nos descendants.
En cela Saint Joseph est un guide certain pour préserver ce patrimoine, comme le Pape François le dit bien dans Laudato si : « Il peut aussi nous enseigner à protéger, il peut nous motiver à travailler avec générosité et tendresse pour prendre soin de ce monde que Dieu nous a confié. » (Laudato si, §242)
Cela est toujours, bien sûr, à associer au discernement que notre intelligence formée et éclairée par la prière (à genoux devant le Saint Sacrement, chers hommes adorateurs !) doit en permanence mettre en place.
Dépositaire de la création à travers le patrimoine
N’oublions pas que tout cela en finalité est une réponse à la mission donnée par Dieu à l’homme, depuis le jardin d’Eden, d’être responsable de la création : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde« . (Genèse 2, 15)
Alors que le Pape François demande de préserver « la maison commune » (Laudato si, §13) qu’est la création, comment saurions nous exercer cette prouesse si nous ne sommes pas capable de préserver la maison commune d’une famille ? Evidemment, pour reprendre ses paroles à l’égard de l’environnement, nos attitudes ne doivent pas être « celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats » (Laudato si, §11), qui conduisent à la dilapidation du patrimoine familial et national, mais de nous sentir « intimement unis à tout ce qui existe« , afin que « la sobriété et le souci de protection jaillissent spontanément. » (Laudato si, §11)
C’est dire que dans la perspective d’un bien à transmettre ou transmis, nous ne devons jamais oublier que « la propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui, et d’abord à ses proches. » (Catéchisme de l’Église catholique
§ 2405)
Que donc la transmission de la préservation de nos patrimoines familiaux, quels qu’ils soient, soit bien présente dans notre éducation, comme le jaillissement d’un acte de gratitude à l’égard de nos ancêtres et de notre Créateur !
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