En ce premier dimanche de Carême, voici un extrait du sermon du premier dimanche de Carême de Mgr Bossuet au couvent des Minimes :
C’est le dessein du Fils de Dieu de tenir ses fidèles toujours en action, toujours occupés, et vigilants, et animés, jamais relâchés ni oisifs : et parce que, comme de tous les emplois celui de la guerre est le plus actif, de là vient qu’il nous enseigne dans son Écriture, que « notre vie est une milice (1) », et que comme nous sommes toujours dans le combat, aussi ne devons-nous jamais cesser d’être sur nos gardes : Sobrii estote et vigilate (2) [« Soyez sobres, et veillez. »]. L’Évangile de ce jour nous fait bien connaître cette vérité. Nous y voyons Jésus conduit au désert, pour y être tenté du diable ; c’est-à-dire notre capitaine qui descend au champ de bataille pour venir aux mains avec nos ennemis invisibles. Ductus [est in desertum, ut tentaretur a diabolo.]
Ne croyez pas, mes frères, que nous devions être spectateurs oisifs de ce combat admirable : nous sommes engagés bien avant dans cette querelle, et le Fils de Dieu ne permet aux démons d’entreprendre aujourd’hui sur sa personne, qu’afin de nous faire entendre par son exemple ce qu’ils machinent tous les jours contre nous-mêmes. Que s’il est ainsi, chrétiens, que nous soyons obligés à combattre, faisons ce que l’on fait dans la guerre ; et avant que d’entrer dans la mêlée, avançons-nous avec le Sauveur pour reconnaître ces ennemis qui marchent contre nous si résolument. Si nous sommes soigneux de les observer dans l’évangile de cette journée, nous remarquerons aisément leur puissance, qui les rend superbes et audacieux. Ils entreprennent, messieurs, contre le Fils de Dieu même, ils tentent de le mettre à leurs pieds ; peut on voir une audace plus emportée ? Ils l’enlèvent en un moment du désert sur le pinacle du Temple, Jésus-Christ le permettant de la sorte pour l’instruction de ses fidèles : n’est-ce pas une force terrible? S’ils sont forts et entreprenants, ils ne sont pas moins rusés ni malicieux. La haine invétérée qu’ils ont contre nous les oblige de recourir à des artifices également subtils et malins. Ils tentent Jésus-Christ de gourmandise après un jeûne de quarante jours : Dic ut lapides isti panes fiant : [Dites que ces pierres deviennent des pains] et ils tachent de le porter à la vaine gloire, après une action d’une patience héroïque : n’était-ce pas un dessein plausible et une finesse bien inventée?
Tout cela, chrétiens, nous doit faire peur, puisque nous avons à nous défendre , dans le même temps, et de la violence et de la surprise, et de la force et des ruses. Et néanmoins ce même évangile, qui nous représente ces ennemis avec cet appareil redoutable, nous découvre aussi d’une même vue qu’il n’est rien de plus aisé que de les vaincre ; puisque nous voyons clairement et toutes leurs forces abattues, et toutes leurs finesses éludées par une simple parole. Voilà, mes frères, en peu de mots, ce que nous apprend l’Évangile de l’état de nos ennemis et de leur armée. Si vous regardez leur marche hardie, et leur contenance fière et présomptueuse, vous verrez d’abord leur force et leur puissance ; si vous observez de plus près leur marche, vous reconnaîtrez aisément leurs ruses et leurs détours ; et enfin si vous pénétrez jusqu’au fond, vous verrez qu’avec leur mine superbe et leur appareil redoutable, ils sont déjà rompus et défaits; et qu’étant encore tremblants et effrayés de leur déroute, il est très facile de les mettre en fuite. (…) Suite
(1) Job, 7, 1
(2) 1 Pierre 5, 8
Je demande votre pardon parce que je ne parle francais, mais je peux vous comprendre.
Nous qui sommes adorateurs de Christ-Roi, nous ne devons pas être inactifs comme dit l’ecrivain espagnol Garcilaso de la Vega: il faut que nous soyons à moitié moine et à moitié soldat.
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